Designer Produit
Le designer produit plus qu’un dessinateur, un concepteur !

Un designer Produit au service de l’interactif et du sensoriel. Partie 1

Au travers de cette série d’articles, nous allons mettre en évidence ma méthode de designer Produit, tourné vers l’interaction entre l’utilisateur et l’objet.

Introduction à ma philosophie de designer

Définition du design :

De nos jours, la grande majorité, si ce n’est la totalité des produits nouvellement conçus sont passés dans les mains d’un designer. Malheureusement, le grand public perçoit bien souvent, le terme design comme un phénomène de mode, une approche esthétique, le plus souvent produisant des objets éphémères.

Dans notre société mondialisée, où la concurrence est forte, l’évolution perpétuelle des modes de vie et des technologies contraignent les entreprises à s’adapter à ces changements qui s’accélèrent en adaptant leurs stratégies, mais aussi leurs produits / services.

Or le design est un outil qui permet d’anticiper (ces changements) en minimisant les risques :

« le design est recherche au sens absolu du mot, il travaille sur l’existant, le possible et le probable. Il y a aujourd’hui pour l’existant, il y a demain, voire la semaine prochaine pour le possible, et il y a l’année prochaine pour le probable. »(1)

Le terme « design » tire son origine de la langue anglaise, il signifie aussi bien dessin (représentation visuelle) que dessein (but, finalité). En latin designare veut dire choisir par les signes.

Quant à la langue française, elle donne une vision particulière de la notion de design, le terme y est souvent associé à une discipline particulière de la création : le stylisme d’objets, alors que le terme anglo-saxon en possède une définition plus ouverte.

Le design tel que nous le verrons sera plus proche du disegno italien, concept majeur dans la théorie de l’art de la renaissance qui se rapporte à la forme et à l’essence de tous les objets de la nature, et à la manière dont un dessin peut exprimer concrètement la représentation d’un concept.

Le design incarne une mise en forme d’une idée, quelle que soit son origine, il s’étend aussi bien aux produits (dans le sens objets) industriels ou non, qu’à l’architecture, l’urbanisme, les dispositifs publics, la scénographie, la mode, le graphisme, etc…

« Le design est un processus de création et de conception de produits, il n’est pas seulement une forme ou un style, il est aussi une démarche. »(2)

Cette démarche, est un ordre de pensée, une méthode qui permet au designer de créer, de concevoir, car en travaillant à la fois sur le dessin et le dessein, le designer est à la fois créateur mais aussi un concepteur, qui doit par nature s’adapter aux évolutions sociales et économiques.

Ce que nous appelons aujourd’hui design industriel est apparu progressivement durant la révolution industrielle. Durant cette période, les phases de création, production et de vente qui étaient regroupées dans les modes de fabrication artisanaux et pré-industriels se sont vus confiées à plusieurs acteurs différents. Nous sommes passés de l’objet techno-centré des premières années de la révolution industrielle à l’objet conceptualisé : la recherche d’un objet efficace dans son usage et son esthétique dans un but commercial.

L’objet techno-centré
L’objet techno-centré : La machine à écrire et à additionner Underwood, 1911
L'objet design
L’objet design : E.Sottsass et P.King, Valentine, machine à écrire, 1969

Quelques années plus tard, aux États-Unis, après la crise financière de 1929, est né le mouvement streamline, porté notamment par Raymond Loewy. L’approche du design, de ce mouvement, correspond plus à une recherche stylistique, au terme américain de «cosmetics», un travail de l’apparence, de l’esthétique industrielle.

L'objet streamline
L’objet Streamline : Raymond Loewy, Pencil Sharpener, 1934

« la laideur se vend mal »(3)

Or, en France un débat dure depuis quelques années autour du terme design, que les autorités voudraient franciser avec ce terme d’esthétique industrielle, or au travers de cette série d’articles je voudrais montrer que le design est plus qu’un travail sur les apparences de l’objet. Il dépasse le «form follows function»(4), repris par le Bauhaus. C’est un travail sur le concept, l’usage, l’ergonomie, la sensation et l’émotion.

Interaction entre l’utilisateur et l’objet :

L’objet dans son essence primitive est un prolongement de la main de l’homme, un objet-outil, rattaché à une fonction et uniquement dédié à elle. Puis au fil du temps, et par l’apparition des arts appliqués, l’objet est devenu un affect. L’utilisateur s’est mis à entretenir avec lui une relation plus intime, au delà du fonctionnel, en ressentant une sorte de sentiment d’attachement envers l’objet (qui n’a pas eu d’objet auquel il a été particulièrement attaché, témoin d’un souvenir, d’un moment de vie). L’objet-outil est devenu l’objet-affectif.

L’objet avant même d’être aimé, voire d’être utilisé, est tout d’abord perçu par tout nos sens : on le voit, on le sent, on le touche. Il est inconsciemment appréhendé par l’ensemble de notre corps. C’est l’aspect sensoriel de l’objet ! Cet aspect est aujourd’hui de plus en plus mis en valeur, dans l’objectif de créer une sensation de bien-être, une communion entre l’utilisateur et l’objet. L’objet est devenu interactif, la notion de forme elle-même s’est élargie. Elle ajoute désormais à la description physique les caractéristiques relationnelles et temporelles qu’un sujet entretien avec son environnement. Cette évolution correspond à la notion de dispositif, sur laquelle je reviendrais plus longuement dans la suite de cette série d’articles.

Depuis tout temps le design se centre autour du corps humain, de la réponse à un besoin, à une ergonomie et à une physiologie. Mais dans notre époque ou chaque être occidental a surconsommé de l’objet et de la fonctionnalité cela ne suffit plus, il faut à la fois que l’objet parle au corps et à l’esprit, il doit susciter le désir, l’envie, et répondre aux nouveaux modes de vie en perpétuels bouleversements.

Cette mission incombe au designer : il doit rendre l’objet aimable afin que l’utilisateur crée une relation affective et inconsciente avec lui. Nous verrons par la suite quelles parts d’expériences, méthodes, tendances, prennent part à cet objectif.

La suite à venir : « Le designer industriel, une approche, un profil particulier »

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Références :

  1. Citation de Roger Tallon extraite de : Gilles de Bure et Chloé Braunstein, Roger Tallon, éd. Dis-Voir, Paris, 2000
  2. Gérard Alt, Boris Bouïssaguet, Dominique Chapon, Pascale Siouffi, Damien Vidal, Design(s) de la conception à la diffusion, éd Bréal, 2004
  3. Raymond Loewy, La laideur se vend mal, ed Poche, 1963
  4. Louis Sullivan, architecte, 1856-1924

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